La Vigne

 

Les porte-greffes

Les cépages

Le plant de vigne

 

Les porte-greffes

Avant l’apparition de la crise phylloxérique, les ceps étaient reproduits par marcottage (provignage) de vieilles souches. Mais la destruction du système racinaire des Vitis viniféra par la piqûre de la forme aptère de ce petit puceron a rendu nécessaire le greffage des cépages sur des pieds américain ou américano-français tolérants. Le choix du porte-greffe doit donc résulter de son adaptation au sol, de la compatibilité avec le cépage et de l’aptitude à conférer au greffon une vigueur qui corresponde au niveau de rendement recherché.

Les principaux porte-greffes utilisés dans le vignoble savoyard sont :

· Le S04 (sélection Oppenheim de Téléki), issu du croisement des espèces américaines v. Riparia et v. Berlandieri, qui est très résistant au calcaire actif et très productif.

· Le Riparia gloire de Montpellier qui, grâce à une moindre vigueur, donne des vins de qualité.

· Le 3309C (v. Riparia x v. Rupestris), de vigueur moyenne.

· Le 41B (v. Berlandieri), très résistant au calcaire et de vigueur moyenne.

Les cépages

Le vignoble français recèle environ 250 cépages différents. Les vins de Savoie sont issus de 23 cépages, ce qui est exceptionnel, compte-tenu de la taille du vignoble. Cette diversité résulte sans doute de la variété des sols et des situations de plantation ainsi que des conditions climatiques limites qui ont longtemps contraint le viticulteur à des essais.

La situation frontalière de la région a certainement également contribué à la propagation des cépages, on retrouve d’ailleurs en Piémont, en Dauphiné et dans l’Ain la plupart des cépages savoyards.

«Ne peuvent être plantées, replantées et greffées que les variétés recommandées et des variétés autorisées» (article 13 du règlement CEE n° 822/87).

Le choix, limité aux cépages dans la zone, doit être guidé par l’adaptation aux conditions pédoclimatiques, sachant que dans les vignobles septentrionaux, l’influence du climat est souvent très contraignante. On classe les cépages en trois groupes, selon leur date de débourrement (précoce, moyen ou tardif), ou selon leur exigence en chaleur pour arriver à maturité (première, seconde ou troisième époque). Pour les principaux cépages savoyards, les deux classements se confondent séparant les cépages de première époque et débourrement précoce (Gamay, Pinot noir, Chasselas, Chardonnay) de seconde époque et débourrement moyen (Jacquère, Mondeuse, Altesse, Gringet, Molette, Roussanne).

 

Evolution des cépages, une affaire départementale

Le Jacquère est le cépage blanc le plus répandu. Ses surfaces progressent régulièrement et représentent actuellement 55% du vignoble savoyard et 92% dans l’Isère.

L’Altesse intéresse la moitié des surfaces de l’Ain, 9% de la Haute-Savoie et 6% de la Savoie. Il est partout en expansion.

Le Chasselas n’est présent qu’en Haute-Savoie où il occupe 70% du vignoble.

La Molette blanche dans l’Ain (17% des surfaces), le Gringet en Haute-Savoie (11%), le Chardonnay en Savoie (2%) et Ain (9%) complètent cet inventaire des cépages blancs.

Le Gamay, cépage rouge dominant, couvre 18% du vignoble de Savoie, 14% de celui de l’Ain et 5% de l’Isère. La tendance est à la stabilité.

La Mondeuse progresse en Savoie (10%) et dans l’Ain (3%). L Pinot noir est généralement savoyard (4%).

  

Le plant de vigne

 

Un fléau à l'origine d'une activité

Le phylloxéra, apparu en gironde en 1864, atteint le vignoble savoyard en 1878. Divers moyens sont alors mis en œuvre pour lutter contre ce parasite mais l’utilisation d’un insecticide, le sulfure de carbone, puis le recours aux cépages américains se révèlent inefficaces

Dix ans plus tard, à l’exception des vignes de Tarentaise et Maurienne, l’ensemble du département est sinistré et trois années sans vin vont se succéder, le temps de reconstituer le vignoble. Cette reconstitution s’opère à partir de plants directs américains du type Riparia selon 4 méthodes de multiplication. Mais le semis s’avère trop long (3 ans) et le traditionnel marcottage exige des sarments vigoureux, or il n’y en a plus. Le bouturage autorise seulement la production de plants directs tandis que le greffage permet d’associer le système radiculaire d’un plant américain résistant (porte-greffe) à un greffon issu d’un cépage local.

Boutures et plants greffés vont être produits de façon concomitante pendant un temps, puis la prédominance du greffage va s’affirmer.

Poids économique de la culture des plants de vigne

Evolution qualitative du produit

La crise viticole de 1950 révèle la nécessité d’assainir le marché du vin et de s’orienter vers une production de qualité. C’est l’objet du décret du 30 septembre 1953 qui créer l’institut des vins de consommation courante. L’IVCC est chargé d’établir une liste de cépages autorisés et les cépages tolérés temporairement, mais dont la vente, la plantation et le greffage sont interdits.

Près de 20 ans plus tard, le décret du 16 septembre 1971 permet à la France d’adapter sa législation à la directive du Conseil des Communautés Européennes de 1968, relative à la commercialisation des matériels de multiplication végétative de la vigne. Les plants sont classés en 3 catégories :

-le matériel de base doit faire l’objet d’une sélection rigoureuse, on parle alors de « clones » sélectionnés, rassemblés, conservés et étudiés dans des établissements de sélection (ENTAV et INRA)

-sa multiplication par clonage donne le matériel certifié

-les plants qui n’ont pas d’origine clonale sont regroupés sus le vocable de matériel standard.

La Savoie : 2ème producteur national de plants de vigne

Les premiers greffeurs n’avaient pour unique objectif que la reconstitution de leur propre vignes. La vente de plants est donc apparue tout d’abord que comme un appoint. Mais la demande persistante, liée au rétablissement du vignoble, a encouragé les producteurs de Combes de Savoie et de Chautagne à poursuivre leur production. Avant la première guerre mondiale, le marché est essentiellement limité à la Savoie et aux départements limitrophes.

La crise de surproduction de 1928 ralentit à peine l’activité, de nouveau dopé par le gel de février 1929. La nouvelle crise viticole de 1950 limite la vente de plants, mais l’ouverture du marché champenois va, à partir de 1954, assurer un débouché important. La situation du vignoble champenois est en effet florissante et les besoins annuels de plants sont énormes (400 ha de plantation nouvelles, 600 ha de remplacement de vieilles vignes, surfaces auxquelles s’ajoutent les destructions dues aux gels de février 1956 et janvier 1985).

Entre 1984 et 1990, les ventes de plants se répartissent entre les vignobles suivants :

        -Champagne 50%

        -Bordelais 15 %

        -Chablis-Sancerrois 10 %

        -Bourgogne 5 %

        -Beaujolais 5%

 

Le reliquat se ventile entre :

        -le Midi

        -la Corse

        -le Val de Loire

        -la Savoie

        -l’exportation

La vente directe concerne 50 % de la production (30% en 1970), le reste set commercialisé par des courtiers ou représentants.

La mévente, qui survient à partir de 1991, trouve son origine dans la réduction de la consommation de vin, qui se stabilise les surfaces du vignoble, et al baisse simultanée des cours qui diffère les renouvellements réguliers. La demande, désormais limitée au seul remplacement des plants, chute brutalement.

Quel avenir ?

Paradoxalement, c’est au moment où la profession, en proie à de graves difficultés commerciales, s’interroge sur son avenir qu’apparaît une technique de culture révolutionnaire : la greffe herbacée, mise au point par les chercheurs de l’ENTAV et du groupe Mumm/Perrier-Jouet. Il s’agit d’une multiplication accélérée de vigne par microbouturage in vitro qui confère aux plants une qualité sanitaire irréprochable, une soudure rapide (1 mois au lieu de 14), une bonne vigueur et une excellente reprise. La production, économique en espace, est d’une grande souplesse puissqu’elle peut être assuré toute l’année et répondre à la demande en 3 à 4 mois.

Parallèlement, une autre équipe champenois (groupe Moët et Chardon) travaille sur la multiplication cellulaire des pieds-mères, technique qui permet de sélectionner rapidement certaines aptitudes ou des résistances :

                                                                        -aux virus

                                                                        -maladies

                                                                        -parasites

Quelles place prendront les pépiniéristes savoyards dans ce nouveau cycle de production de plants ?

 

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